Il y a quelques années en arrière, pour moi, un patron ou un chef, c’était une personne sévère, qui doit faire marcher sa boîte coute que coute, avant de penser au bien-être de ses salariés. Un monde où l’individu n’existe pas !
Du monde du travail, j’avais une image stricte où l’erreur n’est pas admise et où chaque manquement peut être sanctionné. Je m’imaginais, que pour se faire embaucher, il fallait être « parfait » et opérationnel tout de suite.
Quand j’ai commencé dans mon tout premier travail en industrie, mes collègues attendaient de moi que j’ai le même rythme qu’eux et soufflaient en me regardant faire. Je crois que ça m’a déstabilisé de les voir agacés envers moi alors que j’essayais de faire de mon mieux.
A la base, je suis une personne qui n’est pas sûre d’elle-même alors travailler sous pression me fait perdre encore davantage mes moyens. En même temps, je me mettais à leur place. C’est vrai que je suis lent, je réfléchis, je doute… Ça me tétanise… Ce premier emploi a duré 4 heures. Une responsable est venue me voir en me disant : « on vous rappellera ». J’aurai aimé qu’elle m’explique un peu ce que je devais améliorer mais visiblement elle n’avait pas le temps ou pas envie…
Un peu plus tard, j’ai eu un autre contrat ailleurs. Je cherchais un poste le plus simple possible. Je ne voulais pas réfléchir. Je voulais un travail et un salaire quitte à faire un truc «de teubé». Limite, ça me rassurait ! Là, il s’agissait de prendre quatre cartons, de pivoter de 30 degrés le bassin vers la gauche, de les placer dans une machine, d’appuyer sur 2 boutons et de pousser. Impeccable ! Aucune chance de commettre une erreur ! En face de moi, il y avait un collègue qui était encore plus lent que moi !!! J’ai ressenti ce qu’on pouvait penser en travaillant avec moi.
Je m’appelle Valentin, j’ai 25 ans et quand je suis arrivé aux Jardins il y 1 an et demi, j’étais complétement perdu. J’étais terrorisé par l’idée de me lancer dans la vie active. Ça a été très, très dur au début. Physiquement, mentalement ! Chaque contact avec un légume générait une somme indicible de questionnements et de doutes, chaque consigne de travail prenait la forme d’une équation à 10000 inconnus… Un calvaire !
Ici, on ne m’a pas dit ; « on vous rappellera » et surtout on m’a fait un retour sur la qualité de mon travail, on m’a appris des techniques, on m’a donné du temps, du cadre, des conseils, des échéances et surtout on m’a donné ma chance !
Avant, je faisais du PC toute la journée, je ne voyais pas vraiment la lumière du jour et mon corps avait perdu l’habitude de servir à quelque chose. Aujourd’hui, je suis presque bronzé et je ne dis pas que j’ai doublé de volume, mais j’ai des nouveaux muscles qui ont poussé !!! Ça paraît peut-être un peu superficiel mais ce sont des choses qui redonnent confiance en soi.
A force de venir chaque matin, de me sentir progressivement plus à l’aise avec les tâches à effectuer et aussi à me donner quelques bons coups de pieds aux fesses, je me suis laissé surprendre à prendre goût au travail ! Je me vois totalement différemment et celui que j’étais devient de plus en plus étranger.
Pour autant, je n’ai pas envie d’oublier cette mauvaise période. Ça me permet de mesurer le chemin parcouru, de me souvenir par où je suis passé et des efforts que j’ai dû fournir. J’ai vraiment dû me remettre en question !
Je ne vois plus le monde du travail comme avant. Grâce aux jardins j’ai compris que je n’étais pas plus bête qu’un autre et que je saurais
m’adapter à n’importe quel contexte de travail. Dans quelques mois, j’aurai fini mon parcours aux jardins de contrat et il est hors de question de partir sans un emploi. En ce moment, je suis en pleine démarche dans ce sens et je suis plein d’optimisme !
Dès que je décroche un contrat je vous tiens au courant !!
Soupe de radis et ses tartines#mce_temp_url#