Bonjour, je m’appelle Maria, j’ai 50 ans. Je suis Brésilienne. Je viens du Nord-Ouest du pays, ma ville natale s’appelle Aracoiaba. Nous étions une famille de 10 enfants : 7 filles et 3 garçons. Mes parents étaient agriculteurs, ils cultivaient notre terrain (mais, haricots, riz, pastèques…) A 15 ans je suis partie à Baturite pour travailler (jeune fille au pair) et payer mes études : lycée et université. J’ai étudié la pédagogie, pour travailler avec les enfants. J’ai passé une bonne partie de ma vie à changer de ville pour travailler et payer mes études. J’ai fini d’étudier à 28 ans. J’ai commencé à travailler dans une école à Baturité, obtenu le concours de la fonction publique, acheté une maison…à me stabiliser un peu.

En 2006 je suis venue en France pour la première fois, rendre visite à ma sœur qui s’est mariée ici avec un français. Puis j’ai commencé à venir pendant 1 mois tous les étés…j’ai eu envie de venir vivre ici, il fait bon vivre ! La qualité de vie est meilleure, il y a de « vrais » droits, c’est calme, alors qu’au Brésil il y a beaucoup de violence, de corruption, de persécution politique et au travail (si le maire de la ville sait que tu n’as pas voté pour lui, il te harcèle !) J’ai travaillé 16 ans comme institutrice. On me mettait la pression, c’était très dur et stressant, il y avait beaucoup d’enfants dans de petites salles de classe, beaucoup de pauvreté.

En 2016, j’ai rencontré Dominique mon mari, lors d’un de mes séjours d’été en France. Le 13 Août 2018 j’ai posé mes bagages en France pour de bon, nous nous sommes mariés ! J’ai tout laissé derrière moi au Brésil (nous sommes tout de même 4 frères et sœurs en France !), mais ça ne me manque pas, je suis heureuse ici, même si les débuts ont été très difficiles. Moi qui ai toujours été indépendante, autonome, j’étais angoissée de ne pas avoir d’argent, de travail…J’ai passé 1 an 1/2 à apprendre le français toute seule. Puis j’ai eu un rendez-vous à Pôle Emploi suite auquel j’ai postulé ici. Je suis arrivée aux Jardins le 15 mars 2020. La 1ère semaine a été rude physiquement, je me souviens surtout du jour de mon anniversaire ou pendant toute la journée j’ai ramassé les rumex sous la pluie dans la boue. Mais j’étais très heureuse de travailler dehors, les mains dans la terre, ça m’a fait du bien. Je me sens de nouveau vivante depuis mon arrivée ici. Chaque jour de travail, je suis pleine de gratitude, c’est pour cela que je chante souvent en travaillant, car je suis heureuse. On m’a crue fragile à mon arrivée, mais je suis solide, j’ai plein d’énergie !

A mon arrivée ici, j’avais très peur en voiture (j’ai vécu des accidents où il y a eu des morts au Brésil). Je roulais réellement à 2 à l’heure, mais maintenant je n’ai plus aucun souci, je suis à l’aise. Ici, les gens ont bon cœur, ils sont patients pour m’expliquer les consignes, écouter mes erreurs de français. Je me suis sentie accueillie.

Depuis que je suis arrivée ici, j’ai retrouvé ma joie de vivre. Depuis toute petite je travaille la terre : venir ici me rappelle mes origines. La terre te donne du bien-être. On récolte des tomates qu’on a plantées quelques semaines avant : c’est magnifique ! Je travaille avec amour. J’adore entretenir les cultures d’été. C’est un vrai plaisir de regarder les tomates égourmandées, bien tutorées : je suis heureuse de me dire que j’ai fait les choses bien. Quand je remplis les paniers, je pense aux abonnés qui vont ouvrir leur sac et se dire (je l’espère) « oh, c’est joli, ça a l’air bon ! »

Mon projet professionnel est de travailler dans la petite enfance, auprès des personnes âgées ou dans le travail social : le lien à l’autre. J’ai envie et besoin de me former dans un de ces domaines, et de temps pour encore améliorer mon français. Avant d’arriver ici, j’avais peur de parler avec les autres…maintenant ça va mieux !

Voici mes objectifs que je compte réaliser dans les mois à venir !

Merci de m’avoir lue.

Maria.

La Recette de la semaine :

Tortilla de patatas