Tranche de vie…
Il est 7h50, je suis assis sur le banc du vestiaire et pendant que je lace ma première chaussure, je jette un coup d’oeil par la fenêtre, histoire de voir le temps qu’il fait.
C’est quand même bien sombre au loin et puis ça fait 5 jours qu’il pleut… Ça ne sent pas bon… Est ce que je ne ferais pas mieux de mettre mes bottes ?
Ce matin, au planning, j’ai vu que j’allais récolter des salades, ensuite je vais désherber les oignons et je vais finir par poser les ficelles aux aubergines. Ça, c’est sous les serres ! Avec un peu de chance je vais passer entre les gouttes ! Ça devient lassant ces semaines de pluie qui se succèdent depuis le début du printemps… Avec ce qu’il tombe en ce moment, les passe-pieds aux salades ne sont même pas praticables en brouette !
Il y a intérêt à avoir de bons appuis pour éviter l’effet « peau de banane » ! On a une terre lourde ici. On appelle ça une terre « amoureuse », ça veut dire qu’elle colle ! Les meilleurs jours, ça alourdi d’un bon kilo chaque chaussure ! Ça nous fait une démarche de héron !
Finalement, je choisis les bottes. La botte est parfaitement étanche mais subsiste malgré tout le risque de finir en chaussette à cause de l’effet « ventouse » ! Ça, c’est quand la botte reste plantée dans la boue, mais sans le pied qui va dedans !
La récolte de salades s’est bien passée, il n’a pas plu, aucune glissade à déplorer et mes chaussettes sont sèches ! Pour les oignons, il faut que je m’organise. Je vais travailler à genou et même s’il ne pleut pas (encore) mon pantalon finira trempé c’est sûr ! je vais mettre mon pantalon de pluie, c’est plus prudent ! J’aurais dû y penser ce matin en lisant le planning !
Du coup il faut que je retire mes bottes pour enfiler le pantalon (ça ne passe pas dans le pantalon !) Mince, il n’y a rien pour s’assoir ! Je vais être obligé de jouer les flamants roses avec de forts risques de chute! Ah oui, il y a ça aussi ; Il faut absolument que je pense à sortir des poches de mon jean ce dont je vais avoir besoin ! Mon couteau, ma pierre à affuter, mon talkiewalkie parce qu’une fois les mains bien enduites de boue, ça ne va pas être commode de passer sous l’élastique du pantalon de pluie et de trouver la bonne poche pour accéder à mes affaires sans faire de dégâts ! Je me suis fait avoir tellement de fois ! En plus des bottes, des vêtements de pluie et comme on est souvent penché dans le travail, moi j’ai opté pour les bretelles. C’est plus élégant, vous voyez ? Alors c’est une étape de plus à prévoir en cas d’urgence !
Tout ça pour dire qu’il y a le travail, mais aussi toutes les petites choses à anticiper dans une journée de maraîchage!
Un maraîcher anonyme …